Ces méthodes vont pouvoir être utilisées pour aborder un sujet de manière plus approfondie, pour se l'approprier, ou encore apporter des connaissances, de manière active (sans avoir à passer par un apport descendant du formateur ou de la formatrice).
L'arpentage⚓
Cette technique vise à la lecture d'un livre en un temps réduit et ce de façon collective. Elle permet en outre à un groupe d’acquérir des savoirs communs, de s’approprier des références partagées, et donc de sortir des dominations par le savoir. Par cette technique, chacun·e (en particulier des personnes non lectrices ou ayant des difficultés de lecture), s'offre l'opportunité et le plaisir de découvrir des pensées, des auteur·rices ou des théories, qu’on ne serait pas nécessairement allé chercher sans cela.
Déroulement : le groupe se choisit en amont le livre à arpenter et en récupère un exemplaire qui ne pourra être rendu.
On peut, dans un premier temps, échanger sur ce que chacun·e devine du contenu du livre, par ses propres savoirs ou par l’objet-livre en lui-même (l’épaisseur, l’éditeur, l’impression, les polices, la couverture, l’auteur·rice, le thème...).
Le livre est alors déchiré en autant de morceaux qu’il y a de participant·es ce moment peut être difficile pour certain·es). Chacun·e, en un temps limité (de 5 à 15 mn)* va alors lire son morceau de livre puis va répondre à quelques consignes définies à l’avance du type :
Quelles sont tes impressions de lecture ?
Quelles sont les idées fortes qui t’ont marqué·e ?
Que retiens-tu particulièrement de ta lecture ?
Quelles questions tu te poses après cette lecture ?
Vient alors le temps des retrouvailles en groupe où chacun·e va pouvoir livrer ses réponses.
Ce moment est bien souvent très riche en discussions et en échanges.
Il y a alors évidemment de nombreuses variantes pour se raconter tout cela :
Le retour des participant·es peut être chronologique ou bien aléatoire.
Il peut y avoir une prise de notes du retour ou pas , de différente nature : affichage collectif (pour aider à suivre), de type « secrétariat » pour faire éventuellement une sorte de fiche de lecture (subjective) du livre…
Les réponses individuelles (aux questions ci-dessus) peuvent être écrites sur des post-it qui seront ensuite affichés sur des panneaux au fur et à mesure des prises de paroles.
Il est aussi possible de partager le livre entre des binômes, pour que deux personnes aient lu chaque morceau…
Chaque équipe d'animation peut construire sa démarche à partir de ces différentes variantes.
* Ce temps de lecture est volontairement court afin de signifier aux participant·es ce qu'on attend d'eux·elles pour la retransmission : un propos concis, qui va à l'essentiel, et non un exposé des idées de l'auteur·rice visant l'exhaustivité.

Cette technique peut être adaptée à la lecture d’un texte assez long, et non d’un livre (en formation par exemple) où l’on manque de temps pour que chacun·e ait le temps de lire dans un temps contraint. On ne passe alors pas par l’étape symbolique de déchirage du livre pour le partager entre les participant·es.

L’arpentage est une méthode de lecture collective issue de la culture ouvrière (cercle ouvrier) au XIXe siècle, puis réutilisée par les praticiens de l’entrainement mental pendant la seconde guerre mondiale par des résistants (autour de Dumazedier), diffusée plus largement par Peuple et Culture, mouvement d’éducation populaire, à partir des années 1950.
Il vise à émanciper d’un rapport au savoir douloureux pour nombre de personnes, renvoyant à certaines visions et usages élitistes de la lecture, de la littérature, véhiculées dans la société et transmises dans une vision traditionnelle de l’éducation scolaire.
Les affiches⚓
Méthode permettant de faciliter les retours lors de travaux de groupe, notamment lorsque les groupes ont des objets de travail différents :
C’est notamment intéressant lorsque l’on demande aux différents groupes d’explorer des sujets ou textes différents.
L’animateur·trice en donnant la consigne de travail aux différents groupes, va donner également les consignes de rendu du travail : chaque groupe devra synthétiser son travail sous forme d’affiche servant à la fois de support visuel à leur retour oral, mais également de mémoire pour les membres des autres groupes qui n’auront pas travaillé ou lu la même chose.
Il y a nécessité de donner quelques questions guide suivant la suite que l’on veut donner au moment :
Faire ressortir les idées principales, faire un résumé, demander le rapport que les membres du groupe entretiennent à l’objet traiter, demander le lien qu’ils font avec leur pratique…
Ces supports pourront alors être utilisés pour synthétiser les propos des différents groupes, voire servir de base collective de travail pour d’autres temps ensuite…

Cette méthode est particulièrement adaptée lorsque l’on veut explorer un sujet assez large à travers différents textes par exemple (connaissance des publics, législation, ...) : cela permet de « couvrir » plus de terrain collectivement.

Le temps de l'activité doit être évalué en fonction :
des sujets à traiter et de la manière dont ils sont traités (échange, lecture, recherche, ...),
du nombre de groupes et du nombre de personnes par groupe,
des consignes données pour la réalisation des affiches.
La gestion du temps est sensible dans ce type d'activité :
L'animateur·trice doit bien faire prendre conscience aux participant·es que le temps de travail donné inclue la réalisation de l'affiche.
Il est conseillé de faire un point régulier avec chaque groupe en cours de travail et leur rappeler cette donnée.
Il est également conseillé de donner un temps (même approximatif) de retour attendu.
La ruche⚓
Méthode utilisée dans le cadre d’un travail en petits groupes, pour apporter des notions, connaissances, points de vue divers aux différents groupes en simultané, pour enrichir la réflexion de ces groupes pour la suite du travail.
Les membres de chaque groupe, sont répartis dans différents « ateliers » pour s’enrichir de ce qui y est proposé (les formes peuvent y être variables : exposé, vidéo, partage d’une pratique, …) : c’est la phase de « butinage ». (La durée de ce moment peut être variable, suivant la nature des savoirs ou informations à transmettre, mais il faut que la durée de ces différents « ateliers » soit relativement identique).
Chaque membre de chaque groupe revient alors dans son groupe pour « rapporter à sa ruche » les informations ou savoirs qu’il ou elle a « butiné·es » et qui serviront l’ensemble du groupe pour la suite des travaux.