Il s'agit ici essentiellement de techniques de distribution de la parole, plus ou moins élaborées.
Elles nécessitent plus ou moins de compétences et d'habitudes pour être bien utilisées et permettre d'atteindre les objectifs visés : fluidité des échanges, protection de la parole, ...
TITRE | PLACE Début, Milieu, Fin | ORAL ÉCRIT | MISE EN ŒUVRE | DURÉE | EFFECTIFS | VARIANTE / EN LIGNE |
---|---|---|---|---|---|---|
Le remue-méninges (brainstorming) | ||||||
Photo-langage | ||||||
L'arpentage | ||||||
Parole libre | ||||||
Tour de parole | ||||||
Petits groupes avec porte-parole | ||||||
Bâton de parole | ||||||
Le phare | ||||||
Les tickets de parole | ||||||
Le serpent qui se mord la queue | ||||||
La langue des signes | ||||||
Les images symboles | ||||||
Fermeture éclair | ||||||
Alternance |
Le remue-méninges (brainstorming)⚓
Cette technique (désormais très connue et répandue) permet de recueillir de façon spontanée une production quantitativement riche d'idées, de propositions. Il est utilisé pour recueillir des idées quand on se situe dans une phase d'exploration (entrée en matière, recherche d'un sujet à traiter, recherche des causes d'un problème, recherche de solutions...).
C'est un moment où on laisse courir et s'énoncer, sans jugement ni commentaire, toutes les idées qui passent par la tête de chacun·e en rapport à un objet précis ou en réponse à une consigne ou une question. Quand l’objet est de l’ordre de la créativité, en plus de la nécessité de ne pas commenter ou réagir aux propositions en cours de processus, il faut inciter les participant·es à ne pas se censurer, et donc exprimer même les idées les plus folles ou radicales.
On prend une dizaine de minutes pour écrire sur un support visible de tou·te·s (tableau, affiche, ...) toutes les propositions imaginables. L'utilisation de post-it facilite l'organisation par la suite.
Ensuite, et ensuite seulement, on peut passer à un moment d’échange, précédé ou pas de regroupements, de classements des idées. On peut intercaler un temps d’éclaircissement des propositions faites, avant de les traiter (quelle que soit la suite).
Les post-it permettent de "déplacer" les idées plus facilement pour les regrouper par thème ou par priorité...

On peut commencer le brainstorming directement en collectif ou avec phase préparatoire individuelle, via des post-it que les participant·es vont venir afficher, ou en prenant des notes qui seront verbalisées ensuite.
Photo-langage⚓
Cette méthode permet de prendre connaissance des relations entretenues par les participant·es avec un sujet, notamment dans le cadre de la formation. Pour les participant·es, cette technique permet d'exprimer de façon sensible et incarnée des valeurs, des opinions, des engagements.
Déroulement : l'animateur·tricer assemble au préalable une série de photos sur le thème central de la formation.
Après avoir installé les photos sur une table (ou les avoir accroché sur des fils à l'aide de pinces à linge), l'animateur·trice demande à chaque participant·e d'en choisir une qui donne envie d'exprimer ses conceptions, ses sentiments, ses émotions, ses expériences vis à vis du thème proposé.
Après que chaque participant·e a choisi sa photo, chacun·e va expliquer son choix.
On peut (ou pas) prolonger le tour par une phase de questions, ou de synthèse, ou d’échange, …
L'arpentage⚓
Cette technique vise à la lecture d'un livre en un temps réduit et ce de façon collective. Elle permet en outre à un groupe d’acquérir des savoirs communs, de s’approprier des références partagées, et donc de sortir des dominations par le savoir. Par cette technique, chacun·e (en particulier des personnes non lectrices ou ayant des difficultés de lecture), s'offre l'opportunité et le plaisir de découvrir des pensées, des auteur·rices ou des théories, qu’on ne serait pas nécessairement allé chercher sans cela.
Déroulement : le groupe se choisit en amont le livre à arpenter et en récupère un exemplaire qui ne pourra être rendu.
On peut, dans un premier temps, échanger sur ce que chacun·e devine du contenu du livre, par ses propres savoirs ou par l’objet-livre en lui-même (l’épaisseur, l’éditeur, l’impression, les polices, la couverture, l’auteur·rice, le thème...).
Le livre est alors déchiré en autant de morceaux qu’il y a de participant·es ce moment peut être difficile pour certain·es). Chacun·e, en un temps limité (de 5 à 15 mn)* va alors lire son morceau de livre puis va répondre à quelques consignes définies à l’avance du type :
Quelles sont tes impressions de lecture ?
Quelles sont les idées fortes qui t’ont marqué·e ?
Que retiens-tu particulièrement de ta lecture ?
Quelles questions tu te poses après cette lecture ?
Vient alors le temps des retrouvailles en groupe où chacun·e va pouvoir livrer ses réponses.
Ce moment est bien souvent très riche en discussions et en échanges.
Il y a alors évidemment de nombreuses variantes pour se raconter tout cela :
Le retour des participant·es peut être chronologique ou bien aléatoire.
Il peut y avoir une prise de notes du retour ou pas , de différente nature : affichage collectif (pour aider à suivre), de type « secrétariat » pour faire éventuellement une sorte de fiche de lecture (subjective) du livre…
Les réponses individuelles (aux questions ci-dessus) peuvent être écrites sur des post-it qui seront ensuite affichés sur des panneaux au fur et à mesure des prises de paroles.
Il est aussi possible de partager le livre entre des binômes, pour que deux personnes aient lu chaque morceau…
Chaque équipe d'animation peut construire sa démarche à partir de ces différentes variantes.
* Ce temps de lecture est volontairement court afin de signifier aux participant·es ce qu'on attend d'eux·elles pour la retransmission : un propos concis, qui va à l'essentiel, et non un exposé des idées de l'auteur·rice visant l'exhaustivité.

Cette technique peut être adaptée à la lecture d’un texte assez long, et non d’un livre (en formation par exemple) où l’on manque de temps pour que chacun·e ait le temps de lire dans un temps contraint. On ne passe alors pas par l’étape symbolique de déchirage du livre pour le partager entre les participant·es.

L’arpentage est une méthode de lecture collective issue de la culture ouvrière (cercle ouvrier) au XIXe siècle, puis réutilisée par les praticiens de l’entrainement mental pendant la seconde guerre mondiale par des résistants (autour de Dumazedier), diffusée plus largement par Peuple et Culture, mouvement d’éducation populaire, à partir des années 1950.
Il vise à émanciper d’un rapport au savoir douloureux pour nombre de personnes, renvoyant à certaines visions et usages élitistes de la lecture, de la littérature, véhiculées dans la société et transmises dans une vision traditionnelle de l’éducation scolaire.
Parole libre⚓
Aucune démarche particulière. Chacun·e prend la parole librement, sans que personne ne la distribue.
Pour que cela fonctionne, il faut que le niveau d'écoute soit très bon, que les personnes soient respectueuses de la parole de l’autre et qu’elles se contiennent pour ne pas couper la parole, réagir à chaud, etc.
Tour de parole⚓
Une personne de l'assemblée note les tours de parole. Qui désire la parole doit le signifier en levant la main. La personne qui note les tours rajoute alors la personne qui a levé la main sur une liste.
Chacun attend son tour pour parler. Cette forme permet d'éviter les dialogues ; permet que chacun prenne le temps de bien réfléchir son intervention ; d'éviter de répéter ce qui a déjà été dit ; de construire une réflexion collective en fonction de là où chacun en est au moment où il intervient.
Petits groupes avec porte-parole⚓
Permet que chacun·e puisse s'exprimer dans chaque groupe, tout en protégeant la parole par l'anonymat. Veiller à ce que le ou la porte-parole ne dise pas « je » mais « on » ou « nous » puisqu'il ou elle rapporte les propos de son groupe.
Bâton de parole⚓
La parole est symbolisée par un bâton, ou n 'importe quel autre objet. La personne qui détient le bâton est la seule à pouvoir s'exprimer, les autres ne doivent pas l'interrompre. Quand elle a fini, elle transmet le bâton de parole à qui le demande, et ainsi de suite. Cette forme permet de visualiser la circulation de la parole, et les éventuelles monopolisations.

Il peut parfois être nécessaire qu'il y ait néanmoins un animateur ou une animatrice de l'échange dans sa globalité, notamment pour garantir le fonctionnement de la méthode.
Auquel cas, il ou elle n'a pas besoin d'avoir le bâton de parole pour intervenir (bien entendu, il ou elle n'intervient alors que sur la forme de l'échange, pas sur le fond... s'il ou elle veut participer à l'échange, il ou elle doit demander le bâton de parole comme les autres participant·es).

Cette méthode est particulièrement bien adaptée avec un groupe d'enfants pour apprendre à prendre la parole, écouter celui ou celle qui parle, ne pas couper la parole, etc. dans la mesure où le bâton revêt une réelle dimension symbolique de la parole ( « quand j'ai le bâton, on m'écoute, je ne peux pas être interrompu·e »).
Le phare⚓
Une personne (adulte ou enfant) est au milieu du cercle, et balaye celui-ci avec le doigt, tout comme le ferait le faisceau d'un phare... Si une personne assise dans le cercle intercepte le faisceau (…), celui-ci s'arrête et la personne peut prendre la parole. On est parfois obligé d'attendre que le faisceau refasse un tour jusqu'à soi, ce qui permet de différer les réactions et amène donc à des discussions plus posées... De plus, chacun a les mêmes possibilités de s'exprimer.
Les tickets de parole⚓
Chacun·e possède un, deux, ou trois tickets de parole, et utilise un ticket à chaque prise de parole. Quand on n'a plus de ticket, on est condamné à se taire. Permet de canaliser la parole de celles et ceux qui parlent à tout va, et de libérer celle des plus timides.
On peut avoir parmi les tickets, des tickets de parole « obligatoire » pour inciter à prendre part aux échanges (on précisera alors qu'on peut ne l'utiliser que pour dire « je suis d'accord », pour ne pas mettre une trop forte pression sur celles et ceux qui ont du mal à prendre la parole devant les autres).
Le serpent qui se mord la queue⚓
En cercle, chacun·e prend la parole à son tour (parole obligatoire).
Permet / Oblige chacun à s’exprimer : intéressant pour recueillir l’avis de tout le monde, avant une prise de décision par exemple.
Insister sur le fait qu’on peut ne dire qu’un seul mot, ne serait-ce que pour dire qu’on n'a rien à rajouter, qu’on est d’accord ou pas, …
La langue des signes⚓
Plus le groupe est grand, plus cette technique peut s'avérer utile. Les signes permettent de ne pas se couper la parole et de garder un niveau sonore agréable quand les débats sont virulents. Cette technique inspirée de la langue des signes a largement été utilisée par les groupes pratiquant le consensus.
Pour faciliter son utilisation on peut afficher un tableau récapitulatif des signes suivants dans l'espace où a lieu la rencontre :
L'index levé : pour demander la parole. Permet de retarder une prise de décision, de demander des éclaircissements, d'expliquer les raisons de son désaccord...
Les deux index levés : demande la parole pour intervenir tout de suite, de façon à éclaircir un sujet. L'intervention doit alors être courte et n'est pas forcément acceptée par le distributeur de parole.
« T » avec les deux mains : problème technique, ne concerne pas les idées mais l'aménagement de l'espace de discussion (''on n'entend pas'', ''j'ai besoin qu' on me traduise'', etc). Donne priorité à la parole.
Moulin des mains : signifie que l'intervention traine en longueur, qu'une chose a déjà été dite. Très utilisé par le gardien du temps.
Signe d'accord en agitant les mains en l'air : Surtout utilisé en grands groupes, il permet de repérer d'un regard le niveau de consensus. Permet d'éviter l'applaudimètre et la répétition des idées.
Les poignets croisés avec poings fermés au-dessus du visage : signe de désaccord avec le propos qui vient d'être formulé.
Les signes d'accord et de désaccord permettent à l'animateur(rice) de sentir si un consensus se dégage de l'assemblée et d 'inclure ainsi cette dimension dans la reformulation et la synthèse des échanges.
Les images symboles⚓
L'utilisation des images permet aux participants d'exprimer un ressenti, un accord ou un désaccord lors d'une intervention sans intervenir directement dans les échanges. La liste ci-après propose des images type qui doivent être adaptées en fonction du groupe. L'animateur distribue en début de séance une série d'images dont il va expliquer la signification. Cela peut également être un « dé » dont chaque face comporte un symbole (il faut qu’il soit suffisamment gros pour être visible).
Les participants sont invités à montrer l'une de ces images au groupe quand le symbole proposé reflète son état.
Un boudha zen : je trouve qu'il y a trop de tension dans nos échanges, comment faire pour calmer l'ambiance ?
Un visage fatigué : je suis fatigué, faisons une pause.
Un sourire, un pouce levé : je suis d'accord avec ce qui est en train d'être dit.
Un stop : je veux intervenir ou je souhaite que l'on prenne le temps de s'arrêter sur ce qui vient d'être dit.
Un visage taché : je ne suis pas d'accord avec ce qui est en train d'être dit.
…

Méthode utilisable dans un contexte de visio-conférence où chacun·e a sa caméra allumée et montre les images à sa caméra.
Fermeture éclair⚓
Lors des tours de paroles, lorsque les personnes s'inscrivent pour prendre la parole, on veillera à ce qu'il y ait une alternance de parole hommes / femmes, c'est à dire que même si deux hommes ont levé la main à la suite, si une femme souhaite parler, elle sera automatiquement intercalée entre les deux hommes et inversement bien sûr.

Cette méthode est évidemment adaptée dans les groupes où l'on observe une place disproportionnée du temps de parole des hommes face au temps de parole des femmes.
Alternance⚓
On donnera de préférence la parole à celles ou ceux qui ne l'ont pas encore prise. On veillera à ce que les temps de parole ne soient pas trop long.