Comme rapidement évoqué dans la partie précédente sur l'histoire de l'évolution de la forme scolaire, la forme des classes, et l'impact sur nos manières d'enseigner, certains courants pédagogique ont pourtant réfléchi l'aménagement de l'espace au service des apprentissages il y a déjà une centaine d'année.

Pour la plupart, ces courants pédagogiques sont ceux de l'Éducation Nouvelle. Mouvement global apparu qui apparaît vers la fin du XIXe siècle et qui va prendre un réel essor dans les années 1920, au sortir de la 1ère guerre mondiale, s'inspirant des philosophes des lumières (particulièrement Locke, Rousseau notamment), s'appuyant sur les avancées des courants de développement de l'enfant (psychologie du développement, constructivisme, puis socioconstructivisme, etc.) l'Éducation Nouvelle, aussi appelée École Nouvelle, est une volonté politique de changement sociétal, notamment pacifiste, en réaction aux horreurs de la 1ère guerre mondiale.

Les penseur·es et pédagogues de ce mouvement s'interrogent en effet sur les raisons profondes qui ont fait qu'en Europe -- et plus largement dans le monde « occidental »-- malgré le mouvement de démocratisation de l'éducation et de l'enseignement, malgré les progrès réalisés dans de nombreux domaines de l'organisation des sociétés et de la vie quotidienne, des états aient pu envoyer au massacre autant de personnes et que ces personnes l'aient accepté.

Ils et elles pensent alors que la clé pour que ce genre de drame et d'atrocités ne se reproduisent pas, est l'éducation des enfants, et notamment l'école. Ils et elles vont alors militer pour une École Nouvelle, qui va chercher à éduquer des enfants qui deviendront des adultes épanouis, responsables, respectueux des autres et de leur environnement. Cette éducation s'appuiera sur les aptitudes et élans naturels de l'enfant (le jeu, le mouvement, l'activité libre, l'imagination, etc.), sur l'apprentissage par l'activité (qui découle du point précédent, et s'inspire du « learning by doing » de John Dewey), sur le sens et l'utilité que peut trouver l'enfant dans l'activité d'apprentissage, sur la coopération, sur le lien de l'apprentissage avec le milieu (l'environnement), etc. C'est aussi pour ces raisons que l'on parlera (plus souvent) de pédagogies actives.

Ce mouvement est constitué de pédagogues de différentes nationalités, parmi lesquel·les on trouve : Maria Montessori, John Dewey, Ovide Decroly, Henri Wallon, Célestin Freinet, Adolphe Ferrière, Alexander S. Neill, Édouard Claparède, Roger Cousinet, et bien d'autres.

Les pédagogies qu'ils ou elles promeuvent s'appuyant sur l'activité, le rapport avec l'environnement, la question de l'aménagement de l'espace est souvent un pilier important de leurs pratiques.

Leurs principes pédagogiques ont plus ou moins irrigué ou impacté les pratiques enseignantes, sans que l'on ne fasse toujours le lien (c'est notamment le cas concernant l'influence de la pédagogie Montessori sur l'école maternelle).

Nous allons voir dans cette partie les principes de ces certains de ces courants pédagogiques concernant l'aménagement de l'espace : la pédagogie Montessori et la pédagogie Freinet. Puis nous ferons un détour par la Pédagogie Institutionnelle, héritière de la pédagogie Freinet, qui ira plus loin dans la théorisation du rapport à l'espace. Enfin une dernière partie permettra d'aborder le courant né en Amérique du Nord il y a moins de 20 ans à partir du « flexible seating ».