Un peu d'histoire
Célestin Freinet né dans le Gars à la fin du XIXe siècle. Il va entrer à l'école normale d'instituteurs juste avec la 1è guerre mondiale, mais il est mobilisé en 1915. Il sera blessé (au poumon) en 1917, et en gardera des séquelles toute sa vie (notamment pour faire des efforts longs).
Il retournera dans l'enseignement en 1919 après la guerre et est nommé à l'école de Bar-sur-loup (Alpes-Maritimes).
Il va alors commencer à développer sa pédagogie, notamment du fait de son état de santé suite à sa blessure de guerre, qui ne lui permet d'enseigner de manière classique.
Par ailleurs engagé politiquement (au parti communiste) et syndicalement, il va construire une pédagogie s'inscrivant dans le courant de l'éducation nouvelle, qu'il va intégrer au congrès de la Ligue internationale de l'éducation nouvelle en 1923. Il va y rencontrer nombre d'autres pédagogues au contact desquels il va enrichir sa réflexion et sa pédagogie.
Il va ainsi développer une pédagogie l'expression libre des enfants (texte libre, dessin libre, ...) basée sur la coopération, qu'il favorise et suscite notamment par l'intégration d'une imprimerie dans sa classe pour éditer un journal scolaire. Il va également développer la correspondance scolaire. Il s'appuie sur des sorties autour de l'école pour étudier le milieu, faire des enquêtes, pour donner du sens aux apprentissages.
Il va également développer peu à peu cette logique de coopération entre enseignant·es en créant la Coopérative de l'Enseignement Laïc CEL (qui deviendra l'Institut Coopératif pour l'École Moderne - ICEM - au cours des années 50) qui permet de mettre en lien les enseignant·es adhérant à cette pédagogie, et d'éditer une revue, et des outils pour la classe (notamment des fichiers auto-correctifs et la « Bibliothèque de Travail » BT).
En 1928, il est nommé à l'école primaire de Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), mais en 1932, un article rédigé par un enfant dans lequel celui-ci décrit une attaque contre un des élus d'extrême droite) dans la journal scolaire, entrainera son exclusion de l'éducation nationale.
Il créera alors avec sa femme Élise, une école privée, dans laquelle ils accueilleront des enfants issus des milieux populaires et où il pourra développer encore plus sa pédagogie.
Au cours de la 2nde guerre mondiale il sera interné dans des camps et son école sera fermée, à cause de son appartenance au parti communiste. Il en profitera pour rédiger nombre de ces ouvrages sur sa pédagogie
Au sortir de la guerre et jusqu'à sa mort en 1966, il n'aura de cesse de développer et diffuser sa pédagogie, occupant divers fonctions, notamment de direction de son école (qui sera reconnue par l'éducation nationale et où celle-ci nommera des enseignants), mais aussi responsable de la CEL et de l'ICEM.
Complément : Pour aller plus loin
Quelques vidéos :
L'éducation en question - Freinet : comment susciter le désir d'apprendre ?
Un podcast :
Les grands principes de la pédagogie Freinet
La pédagogie Freinet vise, comme d'autres pédagogies du courant de l'éducation nouvelle, à développer l'autonomie et la responsabilité de l'enfant, et vise à leur émancipation individuelle, mais par et au sein d'un collectif, notamment par la coopération.
Freinet va développer nombre de techniques qui s'appuient sur la libre expression de l'enfant et des méthodes « naturelles » d'apprentissage : il postule que l'enfant est naturellement « travailleur » et va donc vouloir apprendre, pour peu que l'on mette en place les conditions propices à cela.
Ainsi, pour sortir des situations d'apprentissage traditionnelles basées sur la répétition, le par-coeur, etc, il va créer des dispositifs dans lesquels les enfants vont être naturellement dans des conditions réelle de communication, de recherche, d'expérimentation. On va ainsi retrouver parmi ces techniques et méthodes :
les « classe-promenade » au cours de laquelle on sort de l'école pour aller étudier le milieu local (naturel et humain), avec une logique d'enquêteur, à l'issu desquels les enfants vont écrire à partir de ce qu'ils ont vu, vécu, ressenti, appris, etc.,
l'imprimerie, à l'aide de laquelle on édite le journal scolaire, constitué des diverses productions des enfants (issues des textes et dessins libres, des enquêtes et autres travaux),
la correspondance scolaire avec d'autres écoles,
le travail de groupe autour de projets collectifs,
la coopérative scolaire, à travers laquelle les enfants décident ensemble et gèrent financièrement certaines dimensions de la vie de la classe,
le travail individualisé, avec le plan de travail en appui sur les outils autocorrectifs, à travers lequel les élèves organisent leur travail et progressent à leur rythme.
le tâtonnement expérimental (notamment dans le domaine des sciences)
etc.
Complément : Pour aller plus loin
Les grandes idées de la Pédagogie de Célestin Freinet
Extrait du film « C'est d'apprendre qui est sacré ! Dans les premiers pas d'une classe Freinet. » :
L'aménagement de classe
Compte-tenu du matériel spécifique nécessaire à nombre d'activités et la nécessité d'accéder de manière autonome à certains outils, la « classe Freinet » nécessite plus de place qu'une classe « traditionnelle ».
Ainsi, on va retrouver :
un espace accueillant les tables et chaises des élèves - espace que l'on organise au besoin (tables séparées pour les moments de travail individuel, regroupées en îlots pour des travaux de groupe, ou encore en cercle pour le conseil si l'on n'a pas d'espace de regroupement) ou directement organisé en îlots.
un espace bibliothèque,
des lieux de rangement du matériel
des lieux de rangement des divers fichiers
un espace imprimerie,
un espace art,
un ou des espaces sciences / tâtonnement expérimental,
un espace bricolage,
etc.
On peut également retrouver, suivant la taille de la classe, un « coin regroupement » pour accueillir les moments de conseil de coopérative
Complément : Pour aller plus loin
Sur le site de l'ICEM, des transcriptions de différents textes autour de l'organisation de la classe.